mardi 10 mai 2011

Mandorle du Verbe

Le nom, la bouche, la chair se tressent :
C’est une fleur de parole déracinant la peur ;
Fibres, nervures, la sève qui s’adresse,
Par la tige, forte, gracile splendeur,
À la rivière adamantine du baptême
Résurgent et plénier où la source demeure.

Le verrou impropre au corps même
Sème la stupeur sèche dans les yeux,
Quand l’esprit palpitant, lui, aime

Et goûte le poisson glorieux.

Le vin souple est la proue de sa joie,
La présence l’étrave claire de l’adieu.

Une flèche éternelle fait sa proie
De la mort, traversée par la flamme

De l’amour irisé, transfigurant carquois,
À la plume de colombe, à la foi d’une femme.

Des os, la moelle est cette fruition
Qui s’élève en un frisson d’âme
Aux narines ourlées de la corruption
Dans la volute spirale des parfums.

Une vigueur nouvelle étreint Sion :
Promesse, Annonce, tenue, trine, Un.

La merveille est le sens obvie
Que l’arc-en-terre lève en chacun :

L’illuminant, le Venir vit.


Stéphane Marie, avril 2011

mardi 26 avril 2011

De la puberté

Rien n’est donc plus chimérique que le préjugé des hommes à cet égard, et rien de plus incertain que ces prétendus signes de la virginité du corps. Une jeune personne aura commerce avec un homme avant l’âge de la puberté, et pour la première fois ; cependant elle ne donnera aucune marque de cette virginité : ensuite la même personne, après quelque temps d’interruption, lorsqu’elle sera arrivée à la puberté, ne manquera guère, si elle se porte bien, d’avoir tous ces signes et de répandre du sang dans de nouvelles approches ; elle ne deviendra pucelle qu’après avoir perdu sa virginité ; elle pourra même le devenir plusieurs fois de suite et aux mêmes conditions : une autre, au contraire, qui sera vierge en effet, ne sera pas pucelle, ou du moins n’en aura pas la moindre apparence.

Buffon, Histoire naturelle de l’homme

mardi 12 avril 2011

Sprezzatura n°3

Virginal Tempo

Collectif
, Virginités

Stéphane Marie, Le corps certain
Jean Duns Scot, L’Immaculée Conception de la bienheureuse Vierge
Michaël Gorzejewski & Luc Guégan, Conversation au bord du vide
Friedrich Hölderlin, À la Madone
Léo Zyngerman, Ici, dans le brouillard
Anonyme, Histoire juive de Jésus – Toledoth Yechou
Boyer d’Argens, Lettres juives (extraits)
Sandrick Le Maguer, Marie double-fond
Jean-Hugues Larché, Divine indétermination

jeudi 31 mars 2011

Notes pour un appel à l'Orient

Les Etats arabes meurent. Où pourraient mener leurs politiques nationales, fondées sur la misère de leurs peuples ?

Il n’y a pas eu de révolution égyptienne. Elle est morte dès les premiers jours; elle est morte avec les ouvriers du textile fusillés pour “communisme”. En Egypte on endort la foule en lui montrant le canal de Suez. Les Anglais ne s’en iront pas loin: seulement jusqu’en Jordanie ou en Libye.

L’Arabie Saoudite fonde sa vie sociale sur le Coran et vend son pétrole aux Américains. Tout le Moyen-Orient est aux mains des militaires. Les puissances capitalistes dressent des nationalismes rivaux, et en jouent.

Il faut dépasser toute idée de nationalisme.

L’Afrique du nord doit se libérer non seulement d’une occupation étrangère, mais de ses maîtres féodaux. Nous devons reconnaître notre pays partout où règne une idée de liberté qui nous convienne, et là seulement.

Nos frères sont au-delà des questions de frontière et de race. Certaines oppositions, comme le conflit avec l’Etat d’Israël, ne peuvent être résolus que par la révolution dans les deux camps. Il faut dire aux pays arabes: Notre cause est commune. Il n’y a pas d’Occident en face de vous.

Mohammed Dahou, 27 juillet 1954