lundi 7 décembre 2009

Ligne de bataille (2)

(Prince de Ligne. Extrait de Sprezzatura n°1, où sont publiés de larges extraits de ses Fantaisies militaires. Première partie: cliquer sur le titre de l'article)



DE LA BATAILLE (2)

Mon étonnement est qu’on survive à une bataille, quel qu’en soit l’événement. Comment ne pas mourir de chagrin, si l’on perd, et de joie si l’on gagne ? On peut éviter l’un fort aisément, en se faisant donner un des derniers coups de fusil de l’ennemi. Mais le moyen d’éviter l’autre, quand on débarrasse son cheval, avec peine, de plusieurs groupe de prisonniers, pour aller, au milieu des cris de joie d’une haie de soldats victorieux, bénissant le général, embrasser les généraux, et les officiers qui ont le plus contribué à la gloire de cette journée ? Quel moment, ô grand Dieu ! et les fanfares de l’armée… et les blessés qui se traînent, pour voir passer le général… et les belles actions qu’on se rappelle… et les récompenses qu’on fait pleuvoir… les croix, et les médailles qui se distribuent… De la confiance en sa fortune. De la confiance de la part de l’armée: de l’audace; de l’activité; courage de corps, et d’esprit. Qu’on ne désespère de rien, qu’on ose tout, qu’on enfonce son chapeau. La bataille est gagnée.

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